Interview du groupe Fb de 'Parlons Manga Français'
Interview :
Bonjour, les apprentis Mangakas, aujourd’hui je reçois une figure d’un groupe Manga français pas comme les autres. Avant tout autre interview il me semblait juste de vous présenter son créateur qui avec son groupe à réussis à fédérer beaucoup d’auteurs qu’ils soient professionnels et amateurs.
ACM66- Salut, merci de bien vouloir répondre à mes questions pour le compte de l’Atelier créa-manga66 et de ses étudiants. Peux-tu te présenter en général, ton nom, âge et métier… ?xd
KS : -Kasai Risu (Nota bene : Ecureuil de feu en Japonais), j’ai 32 ans et je suis le fondateur de Parlons Manga Français.
ACM66-Peux-tu nous parler de ton groupe et l’envie qui t’a fait prendre la décision de créer ce groupe ?
KS : -A l’époque, je cherchais un groupe qui parlait des Mangas Français car je voulais parler de mon propre projet et je n’en ai pas trouvé. Du coup, je me suis dit que j’allais le créer pour qu’il existe un lieu où auteurs et lecteurs se retrouvent et échangent autour de cette passion.
ACM66 :- Comment as-tu connu le Manga, les bds ?
KS : -Au début c’était les animés avec le Club Dorothée et après ça été le Manga bien que dans mon cas ça été très tardif, je n’ai pas toute cette connaissance que peut avoir Dnuht ou même Cassandra qui travaillent avec moi sur Parlons Manga français.
ACM66 :- Sinon es-tu déjà allé au Japon ?
KS : -Ah si on me l’offre, j’irais avec grand plaisir ! xD
ACM66 : -D’après toi quel regard ont les Japonais vis-à-vis du Manga français ?
KS : -De ce que je sais, les auteurs sont curieux de voir comment tout ça va évoluer et ils ont été impressionnés par la qualité de certains de nos titres comme Radiant par exemple.
ACM66 : -A part cela, lis-tu le Japonais ? Si oui, par quel cursus es-tu passé pour ton apprentissage?
KS : -J’ai essayé d’apprendre mais je n’ai pas eu le courage ^^
ACM66 :-Pour toi le Manga c’est plutôt Japonais ou Français ?
KS : -Ahah ^^ La question qui tue ! Le manga c’est Japonais ou du moins d’origine Japonaise. Ensuite le format s’est démocratisé et désormais on peut dire qu’il est mondial. Si tu as une histoire qui correspond à ce format, il faut l’utiliser, sinon peut-être que le Comic( Nb : Bande-dessinée d’origine Américaine) ou la franco-belge seront plus adapté.
ACM66 :-Quels sont les titres français et les auteurs que tu apprécies, et pour quelles raisons ?
KS : -Je crois l’avoir déjà dit plusieurs fois dans le groupe mais je préfère les Seinen(Nb : Genre de Manga pour une tranche d’âge plus âgée, plus mature…), c’est aussi dû à mon âge ^^ Mon préféré étant Chronoctis Express, j’adore son ambiance et la thématique abordée. Elle fait partie des auteurs françaises qui ont su exploiter le Manga à leur façon et non d’imiter ce qui se fait au Japon.
ACM66 : – Du coup, qu’elle est ta maison d’édition préférée ?
KS : -Joker ^^
ACM66 : - Pour toi le Manga Français a-t-il un avenir en France ?
KS : -Il est encore très jeune mais c’est évident qu’il va percer en France ! C’est un format de BD que les auteurs français s’approprient de mieux en mieux.
ACM66 : - Que penses-tu des Médias de diffusion comme Md manga et Medibang Pro tout comme Pixiv, Deviant Art ? Tapastic, Amilova, Art station, Patréon… ?
KS :- Je fais partie de ceux qui croient beaucoup à la lecture en ligne et aux plateformes de financements participatives comme Ulule ou Tipeee. C’est un excellent moyen de se faire connaitre et de créer une fan base.
ACM66 : - Dans sa réalisation tu préfères un Manga fait manuellement ou fait sur logiciel comme Paint tool Sai, Photoshop, Clip studio, Manga studio… ?
KS : -Je n’ai pas de préférences. En fait, je fais davantage attention au scénario qu’au dessin. Bien sûr, faut pas que ça soit joli à regarder mais le plus important reste la mise en scène à mon sens alors que ce soit tradi ou numérique, peu importe ^^
ACM66 : - Cintiq ? Souris ou palette graphique Banboo ?
KS : - Pour le peu que je dessine, j’utilise une Wacom de base ! Je pense que c’est assez personnel.
ACM66 : - Comment peux-t-on nommer le Manga français sachant qu’il y a des polémiques sur sa nomination, certains l’appelle de ‘la fusion’, d’autres du ‘Manfra’, ou au plus simple du Manga français.
KS : -Manga Français, c’est parfait ! D’ailleurs on ne le précise pas tout le temps, comme on ne précise pas tout le temps qu’un manga est japonais !
ACM66 : - Quel genre de Manga Français aimerais-tu voir dans notre hexagone ?
KS : - Des titres qui s’inspire plus de nos racines françaises. Soit qu’ils y ajoutent une histoire fantastique, soit carrément historique pur et dur ! J’aimerais bien voir un manga sur la cuisine française aussi, un peu à la foodwars mais avec notre pâte française et notre humour.
ACM66 : -Que penses-tu des écoles qui forment des Mangaka Français ? Peux-tu en nommer quelques que tu connais ?
KS : -Je connais surtout l’EIMA qui se situe à Toulouse. Je suis assez curieux de voir ce qui va en sortir. J’ai toujours peur que les écoles formatent les auteurs mais l’EIMA à l’air un peu différente alors à voir les premières sorties des élèves. Je crois que ça sera vers 2019 – 2020.
ACM66 : - Le Manga Français à t-il de l’avenir au Japon comme la série ‘Radian’ de Tony valente ?
KS : - Aucunes idées et je ne pense pas que ça soit une priorité. A partir du moment où un titre aura son succès en France, il pourra trouver sa place au Japon.
ACM66 : - Penses-tu que les maisons d’éditions comme Kihoon, Kana… qui organisent des concours chaque année peuvent être un tremplin pour de jeunes auteurs ?
KS : - C’est toujours une bonne chose les concours, ça fait progresser et si on gagne, oui, c’est sûr, c’est un bon tremplin. Nicolas David et Yami Shin en sont la preuve !
ACM66 : - A quel pourcentage Homme/femmes selon toi sont composés les Mangaka Français, pour Le Japon il fut un temps ou le genre avait plus d’importance que ce soit aux niveaux des créateurs et des lecteurs…?
KS : - Je me suis jamais posé la question et à vrai dire, je ne crois que ça soit très important ! Le talent est unisexe ! ^^
ACM66 : - Quel genre prédomine dans l’ensemble ? Et pourquoi ?
KS : - Dans le manga, c’est le fantastique qui est le plus exploité. Pourquoi ? C’est sûrement qu’il y a beaucoup de Shonen et donc c’est plus parlant aux adolescents.
ACM66 : - Qu’est ce qui diffère dans la façon de rémunérer un auteur Français et un auteur Japonais par apport aux éditions françaises ?
KS : - Je ne connais pas bien la façon dont sont rémunérés les auteurs Japonais mais en France tout passe par le dossier d’édition qui amène à un contrat d’édition. L’auteur perçoit alors des avances sur droit pour qu’il puisse vivre le temps que son histoire sorte. En général ça tourne entre 10 et 12 000 € par tome (sachant qu’il faut vivre 6 à 10 mois avec)
Si les ventes sont bonnes l’auteur touchera alors des droits d’auteurs (une fois les avances sur droits remboursés) de l’ordre de 8% en moyenne par tome vendu.Certaines maisons d’éditions n’offrent pas d’avances sur droit mais un % plus élevé sur les ventes.
ACM66 : - Que penser des cycles indépendants comme Aerin (Chronostic express) à ses débuts, et l’émancipation de Maliki ? Il y a t-il plusieurs façons de s’éditer selon toi ?
KS : -Il faut vraiment avoir une grosse communauté pour pouvoir vivre de son Manga en auto-édition. Il faut aussi avoir le sens du commerce et savoir bien communiquer ce qui n’est pas tout le temps le cas chez les artistes ! ^^
ACM66 : - Internet a été un facteur important sur la diffusion des mangas français ?
KS : -Oui, je pense que les lecteurs ont découvert les auteurs par ce biais et les ont rencontrés par la suite en festivals. C’est sûr, ça a aidé !
ACM66 : -Pour finir, pourquoi selon toi, le manga Français n’explose que depuis ces dernières années ? Alors que nous avons eu des artistes Mangaka qui se sont orientés fin des années ’90 par manque de choix dans le fanzinat(Nb : Magazines amateurs de bd fait par un collectif ou un particulier, mais fabriqués et distribués de façon non professionnelle à compte d’auteur.) faute de mieux ?Sachant que nous totalisons 52 séries aujourd’hui tous styles confondus en France ? Quels facteurs aujourd’hui ont fait la différence en deux décennies ?
KS : - Le manga est assez récent alors le Manga français l’est encore plus. Il faut beaucoup de temps pour que les éditeurs se mettent à un nouveau format, c’est une prise de risque et le marché est déjà bien plein avec les titres Japonais !
ACM66 : -Mille mercis d’avoir répondu avec gentillesse sur ce petit questionnaire. Un dernier petit mot pour les lecteurs ?
KS : - Le mieux pour découvrir le Manga français, c’est d’aller discuter avec les auteurs en festival. Vous y trouverez de vraies perles !
-Interview réalisé par Florence Salvadori pour L’Atelier Créa-manga 66-2018-